
En prélude à la Semaine africaine de l’énergie (African Energy Week: Invest in African Energies) prévue au Cap, le briefing investisseurs d’Accra a offert un aperçu essentiel de la manière dont le Ghana entend se positionner comme hub pétrolier régional.
Le Ghana développe actuellement le premier hub pétrolier intégré d’Afrique de l’Ouest, avec pour objectif de renforcer la sécurité énergétique régionale et de réduire les coûts des produits pétroliers. Ce hub est conçu en trois phases, réparties sur la période 2024 à 2036.
La première phase, lancée en 2024, prévoit la construction d’une raffinerie d’une capacité de 300 000 barils par jour (b/j), d’une usine pétrochimique de 90 000 b/j, de réservoirs de stockage, ainsi que d’infrastructures portuaires maritimes.
Lors du briefing Invest in African Energies à Accra, le 14 avril, Dr Toni Aubynn, directeur général de la Petroleum Hub Development Corporation, a détaillé les opportunités d’investissement liées au hub :
« Notre mission est de concrétiser les ambitions de l’État : construire trois raffineries et cinq usines pétrochimiques. Le Ghana sera le premier pays à établir une telle installation. Nous comptons sur les investisseurs — en priorité les investisseurs locaux — pour développer ces industries clés. »
Renforcement des capacités de stockage et de transport
Le Ghana dispose déjà d’une raffinerie opérationnelle : la raffinerie de Tema (Tema Oil Refinery), qui contribue à réduire les importations de produits raffinés. Mise en service en 1963, cette raffinerie fait actuellement l’objet d’un programme de modernisation pour améliorer ses unités et accroître sa productivité.
Dr Yussif Sulemana, directeur général de la raffinerie de Tema, a précisé :
« À court terme, notre stratégie est de maximiser les actifs existants. À moyen et long terme, nous envisageons des partenariats stratégiques et des investissements. Nous avons de nombreux investisseurs intéressés et recherchons un apport de capitaux et d’expertise. »
Du côté du stockage, le pays investit dans des infrastructures visant à accroître la capacité de stockage et à renforcer les réseaux de pipelines inter-dépôts.
L’entreprise publique Bulk Oil Storage and Transportation (BOST), responsable des réserves stratégiques de carburant du pays, mène plusieurs projets dans ce sens.
Nana Amoasi, conseiller technique chez BOST, a indiqué :
« À l’avenir, nous prévoyons de doubler notre flotte de barges et de mettre en place un pipeline entre Tema et le dépôt des plaines d’Accra. Nous voulons aussi développer un nouveau site de stockage et encourager l’utilisation de carburants alternatifs. »
Contenu local et capital humain au cœur de la stratégie
Dans le cadre de cette montée en puissance des investissements dans le secteur aval, le Ghana accorde une attention particulière au contenu local et au développement du capital humain, afin de générer davantage de valeur pour la population locale.
Kwaku Boateng, directeur de l’économie et du contenu local à la Commission du Pétrole du Ghana, a souligné :
« Nous devons tirer le meilleur parti de l’industrie pétrolière et gazière. Pour garantir la stabilité du secteur des hydrocarbures, le contenu local est essentiel. À la Commission du Pétrole, nous avons une stratégie visant à intégrer une composante ghanéenne dans toutes les activités pétrolières. Les entreprises ghanéennes sont de véritables partenaires des compagnies pétrolières internationales. »
Cependant, le développement des capacités de la main-d’œuvre demeure un défi.
David Pappoe, président de la Chambre africaine de l’énergie au Ghana, a insisté sur la responsabilité conjointe du secteur public et privé :
« Les entreprises ghanéennes doivent renforcer leurs capacités… Sans compétences humaines, sans technologie ni savoir-faire, on ne peut pas être compétitif. Nous voulons promouvoir la collaboration à l’échelle continentale. C’est par la coopération que nous pourrons éradiquer la pauvreté énergétique. »
Une vitrine pour les opportunités pétrolières et gazières
Le briefing d’Accra a servi de prélude à la Semaine africaine de l’énergie, prévue du 29 septembre au 3 octobre au Cap.
L’événement a mis en lumière les opportunités commerciales dans le secteur pétrolier et gazier au Ghana, posant ainsi les bases de futures discussions et de possibles accords lors de la conférence du Cap.